Voici comment Martin Luther raconte sa conversion, survenue alors qu'il lisait l'épître aux Romains :
J'avais brûlé du désir de bien comprendre un terme employé dans l'épître aux Romains, au premier chapitre, là où il est dit : « La justice de Dieu est révélée dans l'Évangile » - car jusqu'alors, j'y songeais en frémissant.
Ce terme de « justice de Dieu », je le haïssais, car l'usage courant et l'emploi qu'en font habituellement tous les docteurs m'avaient enseigné à le comprendre au sens philosophique. J'entendais par-là la justice « formelle » ou « active », une qualité divine qui pousse Dieu à punir les pécheurs et les coupables.
Malgré ma vie irréprochable de moine, je me sentais pécheur aux yeux de Dieu - ma conscience était extrêmement inquiète et je n'avais aucune certitude que Dieu fût apaisé par mes satisfactions. Aussi, je n'aimais pas ce Dieu juste et vengeur - je le haïssais et, si je ne blasphémais pas en secret, certainement je m'indignais et murmurais violemment contre lui, disant : « N'est-il pas suffisant qu'il nous condamne à la mort éternelle à cause du péché de nos pères et qu'il nous fasse subir toute la sévérité de sa loi ? Faut-il qu'il augmente encore notre tourment par l'Évangile et que, même là, il nous fasse annoncer sa justice et sa colère ? » J'étais hors de moi, tant ma conscience était violemment bouleversée et je creusais sans trêve ce passage de saint Paul dans l'ardent désir de savoir ce que l'apôtre avait voulu dire.
Enfin, Dieu me prit en pitié. Pendant que je méditais, nuit et jour, et que j'examinais l'enchaînement de ces mots : « La justice de Dieu est révélée dans l'Évangile, comme il est écrit : le juste vivra par la foi », je commençais à comprendre que la justice de Dieu signifie ici la justice que Dieu donne et par laquelle le juste vit, s'il a la foi. Le sens de la phrase est donc celui-ci : « L'Évangile nous révèle la justice de Dieu, mais cette justice est la ‘justice passive' par laquelle Dieu, dans sa miséricorde, nous justifie au moyen de la foi ».
Aussitôt, je me sentis renaître, et il me sembla être entré par des portes largement ouvertes au Paradis même. Dès lors, l'Écriture tout entière prit à mes yeux un aspect nouveau. Je parcourus les textes comme ma mémoire me les présentait et notais d'autres termes qu'il fallait expliquer d'une façon analogue.
Autant j'avais détesté ce terme de justice de Dieu, autant j'aimais, je chérissais maintenant ce mot si doux, et c'est ainsi que ce passage de saint Paul devint pour moi la porte du paradis.
J'avais brûlé du désir de bien comprendre un terme employé dans l'épître aux Romains, au premier chapitre, là où il est dit : « La justice de Dieu est révélée dans l'Évangile » - car jusqu'alors, j'y songeais en frémissant.
Ce terme de « justice de Dieu », je le haïssais, car l'usage courant et l'emploi qu'en font habituellement tous les docteurs m'avaient enseigné à le comprendre au sens philosophique. J'entendais par-là la justice « formelle » ou « active », une qualité divine qui pousse Dieu à punir les pécheurs et les coupables.
Malgré ma vie irréprochable de moine, je me sentais pécheur aux yeux de Dieu - ma conscience était extrêmement inquiète et je n'avais aucune certitude que Dieu fût apaisé par mes satisfactions. Aussi, je n'aimais pas ce Dieu juste et vengeur - je le haïssais et, si je ne blasphémais pas en secret, certainement je m'indignais et murmurais violemment contre lui, disant : « N'est-il pas suffisant qu'il nous condamne à la mort éternelle à cause du péché de nos pères et qu'il nous fasse subir toute la sévérité de sa loi ? Faut-il qu'il augmente encore notre tourment par l'Évangile et que, même là, il nous fasse annoncer sa justice et sa colère ? » J'étais hors de moi, tant ma conscience était violemment bouleversée et je creusais sans trêve ce passage de saint Paul dans l'ardent désir de savoir ce que l'apôtre avait voulu dire.
Enfin, Dieu me prit en pitié. Pendant que je méditais, nuit et jour, et que j'examinais l'enchaînement de ces mots : « La justice de Dieu est révélée dans l'Évangile, comme il est écrit : le juste vivra par la foi », je commençais à comprendre que la justice de Dieu signifie ici la justice que Dieu donne et par laquelle le juste vit, s'il a la foi. Le sens de la phrase est donc celui-ci : « L'Évangile nous révèle la justice de Dieu, mais cette justice est la ‘justice passive' par laquelle Dieu, dans sa miséricorde, nous justifie au moyen de la foi ».
Aussitôt, je me sentis renaître, et il me sembla être entré par des portes largement ouvertes au Paradis même. Dès lors, l'Écriture tout entière prit à mes yeux un aspect nouveau. Je parcourus les textes comme ma mémoire me les présentait et notais d'autres termes qu'il fallait expliquer d'une façon analogue.
Autant j'avais détesté ce terme de justice de Dieu, autant j'aimais, je chérissais maintenant ce mot si doux, et c'est ainsi que ce passage de saint Paul devint pour moi la porte du paradis.