Toute musique n’a d’autre fin que la gloire de Dieu et la recréation de l’Esprit, autrement ce n’est plus une véritable musique, mais un bavardage et rabâchage diabolique.
Bach
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Bach
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Dans une salle du château de Dresde, le Prince Electeur de Saxe
avait invité les plus grands personnages du royaume. Il voulait leur
offrir un divertissement de qualité : l’audition d’un illustre musicien.
Simple, mais non intimidé par l’apparat qui l’entoure,
le musicien s’assied tout près du clavecin, le fixe du regard et va
donner le signal du commencement. Un grand silence ! On attend une
mélodie joyeuse, peut-être un air de danse. Mais l’esprit de l’artiste
est ailleurs.
Lentement, solennellement, une hymne retentit : « L’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde... » Un coup de tonnerre n’aurait pas secoué davantage l’auditoire.
Le Prince, la gorge serrée, ne trouve pas un mot à dire.
Les courtisans écoutent silencieux. Les accords pénètrent, remuent les
cœurs. « Voici l’Agneau de Dieu qui vient expier les péchés des coupables. » Et le choral se termine par cette parole sublime prêtée au Sauveur des hommes : « Je veux souffrir ! C’est pour toi que je veux souffrir. »
Le récital est terminé. Le compositeur baisse les yeux
et garde le silence comme s’il était encore près de la croix. Le Prince
saisit les deux mains de Jean-Sébastien Bach - car c’était lui - et met son anneau à l’un de ses doigts. Bach s’incline avec respect et dit : « Excellence, puissiez-vous ne jamais oublier le thème de ce choral. C’est le seul remerciement auquel j’ai droit. »
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